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Dans quelles professions se trouvent les travailleurs de l’Ontario qui ont subi une blessure liée au travail qui sont les plus à risque de subir des méfaits liés aux opioïdes?

En bref

  • Des certains professions et industries, les travailleurs qui ont subi une blessure ou une maladie liée au travail courent un risque élevé de subir des méfaits liés aux opioïdes (intoxications et troubles mentaux et du comportement). Les groupes professionnels présentant des risques élevés de méfaits liés aux opioïdes comprennent : la foresterie et l’exploitation forestière, le traitement, l’usinage, la construction et la manutention des matériaux.
  • Ces résultats peuvent guider les stratégies ciblées de prévention et de réduction des méfaits pour les travailleurs et les lieux de travail à risque plus élevé de méfaits liés aux opioïdes.

Pourquoi a-t-on fait cette étude?

La crise actuelle des opioïdes en Amérique du Nord a touché de façon disproportionnée les personnes en âge de travailler. Par conséquent, les chercheurs ont commencé à étudier le rôle des facteurs en milieu de travail en tant que contributeur possible à l’utilisation des opioïdes et à ses méfaits connexes. Cette étude visait à déterminer si les travailleurs de l’Ontario dans certaines professions courent des risques plus élevés de méfaits liés aux opioïdes.

Comment cette étude a-t-elle été effectuée?

Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont examiné comment le risque de méfaits liés aux opioïdes variait selon la profession et l’industrie dans un grand groupe de travailleurs de l’Ontario qui avaient déjà reçu une demande d’indemnisation pour accidents du travail acceptée comportant une perte de temps du travail. Les méfaits identifiés dans cette étude comprenaient des intoxications (souvent appelées surdoses) ainsi que des troubles mentaux et du comportement (par exemple, syndrome de dépendance ou état de sevrage).

Le groupe de travailleurs dans le cadre de cette étude provient du Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP). Le SSMP contient des données sur 1,7 million de travailleurs de l’Ontario qui ont reçu une demande d’indemnisation pour perte de temps de travail acceptée pour une blessure ou une maladie professionnelle entre 1983 et 2019. Ces données sur l’indemnisation des travailleurs, qui provenaient de la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT), comprenaient des renseignements sur la profession et l’industrie des travailleurs au moment de leur blessure ou maladie liée au travail. Cette information était reliée aux dossiers de santé pour déterminer les hospitalisations et les visites aux services d’urgence pour les méfaits liés aux opioïdes qui se sont produits de 2006 à 2020.

Les travailleurs de cet ensemble de données ont été classés en grands groupes professionnels et en professions spécifiques. Pour chaque groupe professionnel, les chercheurs ont calculé le risque de subir chaque méfait lié aux opioïdes par rapport à tous les autres travailleurs dans le SSMP.

Qu’ont trouvé les chercheurs?

Le tableau 1 présente les grands groupes professionnels associés aux risques les plus élevés d’intoxications liées aux opioïdes et/ou de troubles mentaux et du comportement.

Tableau 1 : Grands groupes professionnels associés à des risques plus élevés de méfaits liés aux opioïdes
Grands groupes professionnels Risque d’intoxications liées aux opioïdes par rapport à tous les autres travailleurs dans le SSMP Risque de troubles mentaux et du comportement liés aux opioïdes par rapport à tous les autres travailleurs dans le SSMP
Foresterie et exploitation forestière 1,45 fois plus élevé 1,70 fois plus élevé
Traitement (minéraux, métaux, argile, chimique) 1,27 fois plus élevé 1,26 fois plus élevé
Traitement (alimentation, bois, textile) 1,12 fois plus élevé 1,19 fois plus élevé
Usinage 1,13 fois plus élevé 1,17 fois plus élevé
Construction 1,57 fois plus élevé 1,59 fois plus élevé
Manutention des matériaux 1,32 fois plus élevé 1,22 fois plus élevé
Opération d’équipements de transport 1,18 fois plus élevé --
Exploitation minière -- 1,68 fois plus élevé

Au sein de certains grands groupes professionnels, on a observé des différences de risque entre des professions particulières, comme le montre le tableau 2.

Tableau 2 : Professions particulières associées à des risques plus élevés ou moins élevés de méfaits liés aux opioïdes
Grands groupes professionnels Professions particulières Risque d’intoxications liées aux opioïdes par rapport à tous les autres travailleurs dans le SSMP Risque de troubles mentaux et du comportement liés aux opioïdes par rapport à tous les autres travailleurs dans le SSMP
Construction Excavation, pavage et nivelage Plus élevé Plus élevé
Autres métiers (p. ex. couvreurs, peintres, maçons de brique et de pierre) Plus élevé Plus élevé
Métiers en électricité Moins élevé Moins élevé
Usinage Façonnage et formation des métaux Plus élevé Plus élevé
Usinage des métaux (usinage d’outils et de pièces, machinistes, installation de machines-outils) Moins élevé Moins élevé
Opération d’équipements de transport Transport par eau Plus élevé Plus élevé
Transport automobile (camionnage) Plus élevé Plus élevé
Transport aérien Moins élevé Moins élevé

Des risques accrus d’un ou des deux types de méfaits liés aux opioïdes ont également été observés parmi des professions particulières, notamment :

  • travailleurs de pépinières horticoles;
  • préposés aux stations-service;
  • gardes et veilleurs;
  • aides de soins infirmiers et aides-soignants;
  • guichetier et caissiers;
  • professions dans l’hébergement;
  • chefs et cuisiniers;
  • serveurs, hôtesses et intendants;
  • professions de service personnel et autres services (à savoir les concierges et les nettoyeurs);
  • professions du métal, le bois et d’autres produits manufacturés.

Quelles sont les conséquences de l’étude?

Cette étude montre qu’il existe des tendances professionnelles distinctes des méfaits liés aux opioïdes chez les travailleurs qui ont subi une blessure ou une maladie liée au travail. L’identification des groupes professionnels présentant des risques plus élevés de méfaits peut servir à cibler stratégiquement les activités de prévention dans le cadre du processus d’indemnisation et de rétablissement, afin d’aider les travailleurs blessés à risque de subir de futurs méfaits liés aux opioïdes.

On a constaté que les emplois hautement physiques étaient parmi ceux qui présentaient le plus grand risque de méfait, ce qui pouvait s’expliquer par les travailleurs qui avaient des exigences professionnelles très physiques avaient aussi des taux plus élevés de blessures et de douleurs liées au travail. Par conséquent, ces travailleurs peuvent utiliser ou se faire prescrire des opioïdes à un taux plus élevé pour gérer la douleur. Une étude complémentaire a également examiné les méfaits liés aux opioïdes chez les travailleurs du SSMP par rapport aux méfaits dans la population générale de l’Ontario, en concluant que les travailleurs qui ont subi une blessure ou une maladie liée au travail couraient effectivement un risque élevé de méfaits liés aux opioïdes.

D’autres facteurs en milieu de travail qui sont communs à ces professions à risque plus élevé peuvent également accroître la probabilité d’une utilisation problématique d’opioïdes. Ces facteurs pourraient comprendre la pression de rester au travail en raison de l’insécurité de l’emploi, des arrangements d’emploi atypiques, des congés de maladie limités, l’absence de mesures d’adaptation au travail et des normes sur le fait de travailler en étant blessé et ne pas demander de l’aide. Les autres facteurs de risque potentiels pourraient comprendre les longues heures de travail, le travail qui est loin de la maison et de la famille, les demandes de temps liées à l’emploi et l’isolement social. Malheureusement, les limites des données du SSMP ne permettent pas d’étudier ces facteurs dans la présente étude.

Quels sont certains des points forts et des faiblesses de l’étude?

Cette étude est l’une des rares à examiner les tendances professionnelles des méfaits liés aux opioïdes dans un grand groupe de travailleurs canadiens, même si seulement ceux qui avaient une demande d'indemnisation pour perte de temps de travail accepté. L’un des points forts du SSMP est que l’information sur la profession et l’industrie, saisie dans le cadre du processus de déclaration des demandes de paiement, peut être utilisée pour comprendre le risque de méfaits liés aux opioïdes dans l’avenir. De plus, bien que la plupart des recherches aient porté sur les décès liés aux opioïdes, cette recherche élargit la portée pour inclure les visites aux services d’urgence et les hospitalisations, de même que pour inclure les troubles mentaux et du comportement comme un méfait lié aux opioïdes.

L’une des limites de cette étude est que le SSMP ne comprend que les travailleurs qui ont subi une blessure ou une maladie liée au travail, ce qui peut signifier que ceux qui occupent des emplois présentant un risque élevé de blessure au travail peuvent être surreprésentés dans cette analyse et que les résultats pour des professions particuliers ou des groupes professionnels peuvent ne pas être représentatifs du risque pour toutes les personnes employées dans ces groupes. Toutefois, il est important de noter que le temps écoulé entre la blessure ou la maladie liée au travail subie par les travailleurs de ce groupe et leurs méfaits ultérieurs liés aux opioïdes variait considérablement. Ainsi, on ne sait pas où les travailleurs se trouvaient dans leur rétablissement au moment où ils ont subi les méfaits liés aux opioïdes.

De plus, comme les professions des travailleurs ont été consignées au moment où ils ont déposé la demande d’indemnisation qui les a amenés au SSMP, l’étude peut ne pas saisir avec précision les renseignements sur la profession au moment du méfait, par exemple, si les travailleurs changent d’emploi par la suite.

Article de journal connexe

Carnide N, Sritharan J, Song C, Kooshki F, Demers PA. Risk of opioid-related harms by occupation in a large cohort of workers in Ontario, Canada: Findings from the Occupational Disease Surveillance System. Occupational and Environmental Medicine. 2024 Oct 17. doi: 10.1136/oemed-2024-109458. Publié en ligne avant l'impression.

Remerciements

Cette étude est une collaboration entre l’Institute for Work & Health et l’Occupational Cancer Research Centre de Santé Ontario.

Ce projet a été rendu possible grâce au financement de l’Agence de la santé publique du Canada (2021-HQ-000092). Les opinions exprimées dans le présent résumé ne représentent pas nécessairement celles de l’Agence de la santé publique du Canada. Le Système de surveillance des maladies professionnelles (SSMP) est appuyé par la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) et est financé conjointement par le ministère du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences de l’Ontario (MTIFDC) et le ministère de la Santé de l’Ontario (MSO). Le SSMP a précédemment reçu un financement de l’Agence de la santé publique du Canada.

 

Reproduit de l’Institute for Work & Health (IWH). Publié pour la première fois en octobre 2024. Disponible en anglais seulement.